standing in the rain.
"Parce que cette tempête n'est pas un phénomène venu d'ailleurs, sans aucun lien avec toi. Elle est toi-même, et rien d'autre. Elle vient de l'intérieur de toi. Alors la seule chose que tu puisses faire, c'est pénétrer délibérément dedans, fermer les yeux et te boucher les oreilles afin d'empêcher le sable d'y entrer, et la traverser peu à peu. Au coeur de cette tempête il n'y a pas de soleil, il n'y a pas de lune, pas de repères dans l'espace; par moments, même le temps n'existe plus. Il n'y a que du sable blanc et fin comme des os broyés qui tourbillonne haut dans le ciel. Voilà la tempête de sable que tu dois imaginer.
[...]
C'est un fait, tu vas réellement devoir traverser cette violente tempête. Cette tempête métaphysique et symbolique. Mais, si symbolique, si métaphysique qu'elle soit, ne te méprends pas: elle tranchera dans ta chair comme mille lames de rasoir affûtées. Des gens saigneront, et toi aussi tu saigneras. Un sang chaud et rouge coulera. Tu recueilleras ce sang dans tes mains: ce sera ton sang, et le sang des autres.
Une fois la tempête passée, tu te demanderas comment tu as fait pour la traverser, comment tu as fait pour survivre. Tu ne seras pas très sûr, en fait, qu'elle soit vraiment achevée. Mais sois certain d'une chose: une fois que tu auras essuyé cette tempête, tu ne seras plus le même. Tel est le sens de cette tempête."
Il y avait toutes ces choses que j'étais persuadé de comprendre mais qu'en réalité je ne comprenais pas. J'étais trop jeune, je le suis sans doute encore trop.
Aujourd'hui relire ces mots, les réaprivoiser cinq années après m'appaise. Je les lis autrement, ils me parlent autrement. Je crois que j'ai un peu grandi.
Et je n'en sortirai pas indemne.